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Wargaming, la machine de guerre

Publié le par Skero

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Des tanks et bientôt des avions de chasse et des bâtiments de guerre... Lors du salon de l'E3, l'entreprise Wargaming a fait une démonstration de force, et s'est lancée sur tous les fronts pour la maîtrise du jeu en ligne. Avec son vaste stand noir de monde, surplombé d'un avion de guerre, le groupe fondé à Minsk, la capitale biélorusse, et dont le siège est à Nicosie, à Chypre, défie les majors de l'industrie du jeu.

Wargaming est surtout connu pour son jeu de stratégie en temps réel World of Tanks. Ce titre, qui permet de piloter des blindés du siècle dernier en multijoueur, a été lancé en 2010 en Russie, puis au printemps 2011 en Chine et en Europe. Le jeu propose un grand choix de machines, et des combats dynamiques, mêlant action et stratégie d'équipe. World of Tanks dispose d'un autre atout, son modèle free-to-play, permettant d'accéder gratuitement au jeu, mais de payer pour obtenir de nouveaux tanks ou de nouveaux camouflages. Le système de micropaiement joue aussi un rôle d'accélérateur de jeu, augmentant aussi l'expérience acquise lors d'une partie.

 

Wargaming revendique désormais plus de 60 millions de joueurs en ligne et ne cache plus ses velléités de conquêtes mondiales. "Il est plus difficile d'essayer de se focaliser sur tel ou tel marché, que d'essayer de couvrir la terre entière. Qui aurait pu imaginer au départ que Singapour serait une source de revenus importante pour nous ?", ironise l'intarissable Victor Kislyi, PDG de Wargaming.

 

 

Victor Kislyi, PDG de Wargaming.

 

 

Avec le succès de World of Tanks, l'entreprise compte déployer ses licences. La déclinaison aérienne, World of Warplanes, arrivera en version beta le 2 juillet. Après le lancement de World of Warships (la version navale, pas encore en version alpha), Wargaming prévoit aussi de créer une expérience de jeu unifiée, permettant de choisir ses unités sur terre, dans les airs ou en mer.

 

En quelques mois, les effectifs de Wargaming se sont étoffés, et l'entreprise emploie plus de 1 600 personnes dans le monde. Le groupe a aussi multiplié les annonces d'acquisitions stratégiques, pour plusieurs dizaines de millions d'euros. Gas powered games, à l'origine notamment du hack and slash Dungeon Siege et du jeu de stratégie Supreme Commander, est ainsi passé sous le pavillon Wargaming. Le rachat du studio américain Day 1 Studios, connu pour son jeu de robots MechAssault, a également été annoncé. Quelques mois plus tôt, c'est l'entreprise australienne BigWorld, dont la technologie favorise la création de jeux massivement multijoueurs, qui devenait propriété du groupe. "Nous avons payé le prix fort pour BigWorld, mais nous le devions. Il est indispensable de contrôler sa technologie. Le portage sur consoles ou sur mobiles n'aurait pas été possible sinon", commente Victor Kislyi.

 

SUCCÈS MITIGÉS AVANT "WORLD OF TANKS"

L'entreprise, créée en 1998, n'a pourtant rien d'une start-up qui aurait connu une irrésistible ascension. Wargaming est à l'origine d'une quinzaine de titres, dont peu, avant la série des "World of", ont marqué les esprits. "Dans les années 1990, quand nous étions à l'université, nous jouions à des jeux comme Civilization, Dune 2, Red Alert ou Warcraft, et nous rêvions de les rendre meilleurs. Nous nous réunissions avec quelques amis et de la famille dans une chambre, avant la naissance officielle de Wargaming en 1998", se souvient M. Kislyi.

 

En 2000, Wargaming propose De Bellis Antiquitatis, permettant de revivre des batailles de l'Antiquité et du Moyen-Age sur PC. Massive Assault, un jeu de stratégie futuriste au tour par tour sur PC, est un autre coup d'essai de l'entreprise, alors que de nombreux titres sont en temps réel. En 2009, Wargaming retrouve son thème de prédilection avec Order of War, proposant au joueur PC de revivre l'opération alliée Overlord. "Le budget de ces productions était modéré. Mais même lorsque nous avons sorti Order of War, avec l'un des plus gros éditeurs, Square-Enix, cela n'a pas marché", souligne Victor Kislyi.

 

 

"World of tanks" compte 60 millions de joueurs inscrits.

 

 

De cette période, le fondateur de Wargaming en tire des conclusions économiques. Il opte pour le modèle free to play pour World of Tanks. "Le piratage est une cause du déclin des ventes de jeux sur PC, mais c'est aussi la chaîne de distribution qui est beaucoup trop longue entre le développeur et le consommateur. Dans les ventes dématérialisées, une fois qu'un contenu est mis sur un serveur, il est automatiquement disponible", analyse-t-il. En parallèle, l'entreprise noue aussi des partenariats publicitaires, afin de disposer de ressources non directement liées au jeu vidéo.

 

M. Kislyi récuse aussi le modèle de souscription à un abonnement mensuel, comme c'est le cas dans le jeu massivement multijoueurs World of Warcraft de Blizzard. "Je considère le modèle d'abonnement comme une boîte tendue au joueur. Chaque mois, il doit payer pour quelque chose dont il ne connaît pas le contenu. Le modèle free-to-play est le plus juste et le plus transparent", affirme-t-il.

 

LA CONSOLE NOUVEAU TERRAIN DE JEU

Désormais incontournable sur PC, Wargaming n'a pas détaillé ses plans pour les consoles de la nouvelle génération, où les acteurs demeurent attachés au système de vente de jeu traditionnel. Mais M. Kislyi a fait une apparition remarquée, lors de la conférence de Microsoft précédent l'E3, avec une version de World of Tanks adaptée à la console XBox 360. "En Asie, le PC est la principale plateforme de jeu. Mais en Amérique et en Europe, nous devions aller là où se trouve le consommateur, nous devions donc faire quelque chose sur console", explique le fondateur de Wargaming.  "Nous ne pouvons pas non plus ignorer ce qu'il se passe sur mobile. L'idée n'est pas de conquérir ce marché, mais d'acquérir de l'expérience dans ce domaine, et d'en tirer des leçons", poursuit-il. Une version de World of Tanks adaptée aux terminaux mobiles est ainsi prévue.

 

World of Tanks tente enfin une percée dans le domaine des sports électroniques. Le groupe a noué des partenariats avec les World Cyber Games, en 2012, mais a aussi créé sa propre ligue en février. "Nous n'en sommes qu'aux débuts. Nous établissons des règles communes, comme pour le football. Pour le reste, il faut atteindre la masse critique de joueurs professionnels", explique M. Kislyi.

 

S'il veut prendre des parts dans l'e-sport, Wargaming devra néanmoins ouvrir un nouveau front, face à de sérieux concurrents bien établis, comme Riot Games, à l'origine de League of Legends, ou Blizzard avec Starcraft 2.

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