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Les BD du mois de janvier

Publié le par Skero

http://blog.slate.fr/des-bulles-carrees/files/2012/01/Masqu%C3%A9.jpg

 

Les Faux Visages, Masqué, la Conversion… Même si le mois de janvier est marqué par le festival d’Angoulème, cela n’empêche pas les BDs de sortir. Voilà donc ma sélection du mois (ou de BDs sorties un peu avant dont je n’avais pas eu le temps de parler).

  • Les Faux Visages, David B. et Tanquerelle, Futuropolis

David B. au scénar et Tanquerelle reviennent sur l’aventure du Gang des Postiches pour Futuropolis. Des braqueurs de banque, le sujet est mille fois traité, mais les Postiches appartiennent à cette race ancienne de gangster qui ont la classe et un certain code d’honneur. On ne leur demande pas d’avoir de la morale et ça défouraille à tout va. La BD ne révolutionne pas le genre mais elle saisit bien l’ambiance des années 80, les coups qui pouvaient se faire et qui ne se font plus, les truands qui vieillissent et Belleville qui change.

 

  • La Conversion, Gnehm, Atrabile

Un de mes gros coups de coeur de ce début d’année. En prenant le train, Kurt, un spécialiste d’architecture se replonge dans un souvenir précis de son adolescence dans un village suisse. Quand, par amour pour Patrizia, jeune et jolie demoiselle, il est entré dans le même groupe biblique qu’elle, lui qui n’avait pas vraiment d’idée sur Dieu. Avec minutie, Matthias Gnehm décrit alors un mécanisme doux d’embrigadement, qui va pousser Kurt à s’isoler de plus en plus. Parallèlement, le récit est ponctué de réflexions sur l’étalement urbain, comme une évocation métaphorique de l’affliction qui ronge peu à peu le héros. C’est à la fois tendre et oppressant, très bien construit et dessiné avec une délicatesse qui rend le récit poignant.

 

  • Les Cahiers Russes, Igort, Futuropolis

Je vous parlais de bande-dessinée de reportage dans mon dernier billet: en voici un exemple plutôt réussi. En partant de la mort de la journaliste Anna Politkovskaia, l’auteur Igort évoque plus largement le conflit en Tchétchénie, une guerre oubliée qui dure depuis plus de dix ans. Si la narration est un peu déroutante car assez déliée, les témoignages de ces Cahiers Russes sont réellement saisissants. La violence ordinaire de l’armée russe et des combattants tchétchènes est écoeurante et comme souvent, malheureusement, ce sont les civils qui en font les frais. Une BD dure, dont la lecture ne peut pas laisser insensible.

 

  • Aller/Retour, Bézian, Delcourt

Amateur de BD d’aventure, passe ton chemin! Tu trouveras Aller/Retour ennuyeux à mourir car il n’y a pas d’histoire à proprement parler. Tout juste suit-on un détective (mais embauché par qui, pourquoi?) qui enquête sur une disparition (mais laquelle ?) dans un village du Languedoc. Il n’y a pas d’intrigue et c’est bien ce qui rend la BD intrigante. Avec un dessin en niveaux de gris qui cache autant qu’il révêle, Bézian signe un album mystérieux, poétique, sur la recherche du souvenir, de l’innocence de la jeunesse, du temps perdu. Un album qui se déguste loin de tout, dans une maison abandonnée, au coin du feu, quand la tempête souffle dehors.

 

  • Masqué, tome 1, Lehman et Créty, Delcourt

Autant le dire tout de suite, j’avais beaucoup aimé la Brigade Chimérique, la précédente série de Serge Lehman, qui mettait en scène des super-héros made in France dans le Paris des années 1930. Sa nouvelle BD, “Masqué”, peut presque être prise comme une suite puisqu’il est toujours questions de super-justiciers, mais cette fois ci dans un Paris de futur proche. En ressort un premier tome alléchant et rythmé, par ailleurs pétri de références littéraires et artistiques. Vite, le deuxième volume !

 

 

  • Quoi !, ouvrage collectif, L’Association

Souvenez-vous le printemps dernier. L’Association est en grande difficulté, et Jean-Christophe Menu, l’un des fondateurs, fait face à une grève de ses salariés et des autres fondateurs, Trondheim et Killofer en tête. Finalement, ils ont eu sa peau après quelques AG épiques (relire par exemple ce reportage de Libération) et ils ont publié à la fin de l’année QUOI! un vieux projet qui revient sur la création et le parcours de la maison d’édition ces 20 dernières années. Tous les fondateurs et plusieurs auteurs publiés par l’Asso tentent de revenir dessus, ce qui a marché, ce qui a échoué. La “question Menu” est particulièrement traitée, elle montre un éditeur de génie, mais aussi alcoolique et égocentrique. Si ça semble parfois à charge, la subjectivité est assumée, donc ça passe. C’est, dans tous les cas, une tentative de critique et d’auto-critique rare dans le milieu qui permet de mieux comprendre les coulisses de ce métier.

  • Les Gratte-Ciel du Midwest, Joshua Cotter, éditions Ca et là

Un jeune garçon parle surtout à son robot qui est son seul véritable ami. Il est élevé dans le Midwest, les gens ont l’esprit fermé, que ce soient les enfants ou les adultes. C’est souvent triste, la plupart du temps poignant. L’auteur américain, Joshua Cotter, témoigne en partie de son enfance, de la perte de sa grand-mère, des difficultés de grandir et de sa relation fusionnelle et compliquée avec son petit frère. De la grande BD, plusieurs fois récompensée aux Etats-Unis.

 

Laureline Karaboudjan

Illustration : extrait de la couverture de Masqué, DR.

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