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"L.A. Noire" sur le gril

Publié le par Skero

http://www.lepoint.fr/images/2011/05/24/noire-une-319901-jpg_200215.JPG

 

Il y aura certainement un avant et un après-L.A. Noire. Si le titre en lui-même n'est pas un chef-d'oeuvre, l'avancée technologique du MotionScan et surtout son utilité dans les mécanismes de jeu en feront une référence.

 

L.A. Noire nous plonge dans les États-Unis des années 1940, marquées par le conflit mondial. Une époque où les inspecteurs de police portent un costume et un chapeau en toute circonstance, où Hollywood fait rêver toute l'Amérique et où la corruption et les règlements de comptes se multiplient en pleine rue. Dans cette Californie, touchée autant par les privations de la fin de la guerre que par la folie des grandeurs des starlettes du cinéma, le jeu se déroule à la manière d'un bon polar, où chaque chapitre correspond à une affaire. L.A. Noire, c'est avant tout une ambiance mise en valeur par une bande-son parfaite et un doublage de qualité. Vous incarnez un ancien membre de l'armée américaine, Cole Phelps, qui s'engage dans la police à son retour du Japon. Ambitieux et carriériste, le jeune homme, à qui l'acteur Aaron Staton (Mad Men) prête ses traits et sa voix, est bien décidé à ne pas rester un simple agent toute sa vie et veut donc profiter de la moindre occasion pour montrer ses talents à sa hiérarchie. En grimpant les échelons, le père de famille, propre sur lui en apparence, va mettre le nez dans des affaires morbides et de plus en plus complexes.

Rockstar, éditeur, a bien fait son boulot puisque la plupart des crimes que vous tenterez d'élucider ont une base de réalité, et sans rien divulguer de l'intrigue, l'ombre du Dalhia noir plane sur une bonne partie de l'histoire.

 

De l'investigation pure

L.A. Noire est donc un jeu d'enquête au sens propre. De la scène de crime en passant par l'interrogatoire des suspects, vous devrez éplucher les moindres indices et déceler le vrai du faux dans les témoignages. Grossièrement, chaque investigation se déroule de la même façon. Vous vous rendez sur place, vous prenez connaissance des différents éléments et du corps, puis vous allez questionner les protagonistes de l'affaire et fouiller leurs effets personnels dans l'espoir d'y découvrir des preuves de culpabilité. À la manière d'un point & clic, votre manette vibre lorsqu'il y a quelque chose à étudier. Lorsque tout a été trouvé, la musique s'arrête ; il est temps de passer à autre chose. Et votre meilleur compagnon n'est pas votre partenaire, qui change dès que vous êtes promu, mais bien votre carnet qui regroupe tous les éléments de l'enquête. C'est sur cette base que vous effectuez les interviews de témoins ou de suspects et que vous vous remémorez les indices.

 

Le mensonge se lit sur leurs visages

Mais la grande qualité de L.A. Noire ne vient pas du genre, somme toute assez classique, mais bien de l'utilisation du MotionScan, modélisation des visages, pendant les scènes d'interrogatoire. Retranscrivant avec fidélité les expressions des personnes questionnées, cette technique est primordiale pour faire le tri entre vérité ou imposture. À chaque question posée, vous aurez trois choix : croire, mettre en doute ou accuser de mensonge preuve à l'appui. À partir du visage des personnes en face de vous, il faudra faire le bon raisonnement, sachant que tout mauvais comportement, accusation à tort ou indices oubliés, ralentira votre progression dans l'affaire. Un regard qui fuit, un tic ou un énervement irrationnel sont la marque de dissimulation d'informations de la part de vos interlocuteurs... Les suspects pourront refuser de répondre ou vous pourrez passer à côté de l'élément-clé permettant d'inculper le coupable. Heureusement, l'échec n'est pas rédhibitoire, il existe toujours un moyen détourné d'arriver à ses fins. Et si, vraiment, vous vous sentez bloqué, vous pouvez faire appel à votre partenaire ou aux points d'intuition acquis au cours du jeu. Cela vous permettra notamment de demander l'avis de la communauté sur le Social Club de Rockstar.

 

Une réalisation inégale

Si le jeu est très beau, la réalisation de Rockstar peut paraître bâclée. Les problèmes de collision sont nombreux ; votre partenaire apparaît ou disparaît régulièrement sans explication ; certaines textures, comme les cheveux ou le tissu, sont vraiment ratées et quelques effets de lumière ont un rendu étrange... Autant d'écueils sur lesquels on passe tant le résultat global est bon et les animations des visages sont surprenantes. Le long de l'aventure, on alterne entre le rythme assez posé des investigations et les scènes plus musclées. Si le champ d'action est large, entre filatures, fusillades, combats à mains nues et interrogatoires, le titre a tendance à se répéter. L.A. Noire n'est pas un Grand Theft Auto (GTA) dans les années 1940 ; il est plutôt atteint du syndrome Mafia II. On a rapidement l'impression d'avoir un terrain de jeu immense, mais rien d'autre à faire que de suivre l'intrigue principale. La progression est, au final, très linéaire. La plupart du temps, il faudra simplement se rendre d'un point A vers un point B. Il n'y a que les missions annexes qui pourront vous détourner du droit chemin. En voiture, des appels radio vous invitent à vous rendre sur les lieux d'un délit à proximité. On peut alors intervenir sur des braquages, des règlements de comptes ou raisonner un suicidaire. Ces quêtes secondaires ont l'avantage de vous dégourdir le revolver entre deux interrogatoires. Clin d'oeil sympathique, les spécialistes des séries américaines reconnaîtront sans mal la tripotée d'acteurs (par exemple John Noble, le professeur Walter Bishop de Fringe, Brian Krause Leo de Charmed ou Greg Grunberg Matt Packman de Heroes) dont on découvre le visage au détour d'une enquête.

Rockstar nous avait habitués à des jeux de qualité avec Grand Theft Auto ou Red Dead Redemption. Celui-là n'est peut-être pas au même niveau, mais il reste un jeu d'enquête excellent qui amène le genre dans une autre dimension.

 

On aime :

l'animation hallucinante des visages ;

Los Angeles avec paillettes et crimes ;

dialogue et scénario très bien ficelés.

 

On regrette :

des défauts techniques ;

un jeu très linéaire au final ;

Une répétition des actions.

 

L.A. Noire (Rockstar)

Sur Xbox 360 et PS3, environ 65 euros. PEGI : déconseillé aux moins de 18 ans.

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